As fâr

Résumé :

Les trois frères Joubran sont les héritiers d'une ancienne famille de luthiers de Palestine. L'origine du Trio remonte à plus de dix ans, avec les premiers disques de Samir Joubran, Taqaseem (1996) et Sou'fahm (2001). Pour le troisième, Tamaas (2003), il est rejoint par son frère Wissam. Deux ans plus tard, l'arrivée d'Adnan Joubran sur Randana marque la véritable naissance du Trio Joubran. Il est suivi par Majâz en 2007 et à l'ombre des mots avec Mahmoud Darwich en 2009 (double CD-DVD). C'est lui qui leur a montré la route au crépuscule de sa vie, en leur disant : Ne soyez pas des musiciens palestiniens. Soyez des musiciens de Palestine. Au fil des ans, des disques et des concerts, leur nom s'est imposé sur l'échiquier des musiques du monde et même au-delà. Le groupe, basé à Paris depuis 2005, est aujourd'hui mondialement reconnu. Il transcende la tradition et possède cette faculté d'aller au-delà, sans se laisser enfermer dans des clichés. Sur Asfar, leur nouvelle production, leur imagination féconde et leur érudition permettent aux trois Galiléens de tisser des motifs inédits, des variations qui subjuguent l'auditeur pour l'embarquer hors de toute notion de territoire délimité. Avec leur fidèle partenaire le percussionniste Youssef Hbeisch, ils vont encore plus loin. As far en anglais, asfar « le voyage » en arabe. Le jeu de mots a guidé leurs pas. Ils ont beaucoup cheminé, échangé avec d'autres artistes (de Chkrrr à Rodrigo et Gabriela) et sont désormais pénétrés par d'autres cultures. Voilà pourquoi à l'égal des meilleurs trios de jazz, ils parcourent toute la gamme des sensations, du silence envoûtant d'une simple note en suspension à de vastes improvisations, de phrases aux accents flamenco à des rythmes proches du groove. Pas question de se limiter, ils ouvrent grand la focale, invitent même le Tunisien Dhafer Youssef sur deux titres ; pas de mots, juste des ondulations de fréquences. Pas de vaine virtuosité, l'enjeu est la spiritualité. Le oud n'est pas le sujet central. La musique est notre projet axial, expliquent-ils. Pas de feuille de route, juste une direction, ouverte sur plus d'infini. AsFar est tout cela, un trajet plus qu'un projet, une traversée à travers leur monde des musiques, une apnée dans les méandres de leurs pensées les plus intimes. Fermez les yeux. Bon voyage.